Lucie de Syracuse
SELECTED PRESS
Extraits
"Mon autre travail, celui des squelettes parés d'habit doré et de dentelle, vient du romantisme noir et du roman gothique. Des contes de Charles Nodier, Antoine Monnier, Horace Walpole, Charles Robert Maturin ou Matthew Gregory Lewis. Un moyen d'apprivoiser et de jouer avec la mort, de la magnifier. Sorti en 1830, Histoire du Roi de Bohême et de ses sept châteaux de Nodier m'a énormément marquée, cette oeuvre est un vrai ovni ! Toujours quasi inconnue aujourd'hui, elle demeure pour moi une source de fantaisie et d'audace. Un livre tellement innovant- avec ses illustrations et ses jeux typographiques- que l'éditeur s'est ruiné après sa publication et a mis la clé sous la porte ! Melmoth de Maturin incontournable et diabolique. Puis, Voyage où il vous plaira de Musset pour le mariage du grotesque et du sublime"
"My other work, the skeleton wearing golden dresses and lace, comes from the romanticism and gothic novel. The tales of Charles Nodier, Antoine Monnier, Horace Walpole, Charles Robert Maturin or Matthew G Lewis. A way to tame and to play with death, to magnify it. Released in 1830, the Story of the King of Bohemia and his seven castles by Nodier greatly impressed me, this work is a true UFO ! Still almost unknown today, it remains for me a source of imagination. A book so innovative - with its illustrations and typographical games - that the editor was ruined after its publication and had to put the key under the door ! Melmoth by Maturin, mandatory and diobolical. Then, Voyage où il vous plaira by Musset for marriage of sublime with the grotesque."
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Le Monde de Lucie de Syracuse
Lucie de Syracuse n’a d’yeux que pour les objets et la littérature romantique. Elle se promène au rythme de ses découvertes ou de ses coups de cœur. Le résultat de ses déambulations prend la forme d’œuvres en trois dimensions, tissant des liens avec l’enfance quand les objets peuvent s’animer à tout moment, avec un univers où la vie, la mort, l’amour et le jeu se livrent à une construction baroque.
Dina Beauxbo’s
Avec cette nouvelle rubrique Bo’s Arts, nous avons le plaisir d’accueillir des artistes, plasticiens, musiciens, danseurs, créateurs de Bordeaux ou qui ont, d’une manière ou d’une autre, une vraie proximité avec notre région. Chacun d’entre eux permet de mesurer combien de talents cohabitent et s’expriment, ici, en toute liberté. Lucie ouvre notre galerie de portraits et elle est donc la marraine de la chronique des arts à travers ceux qui en révèlent l’essence en nous faisant partager leur passion.
Lucie de Syracuse, jeune artiste bordelaise crée des œuvres qui commencent à être de plus en plus exposées, vues et appréciées. Son pseudonyme, elle le doit à la sainte martyre qui, selon l’une des légendes lui étant liée, s’était arraché les yeux pour les donner à un fiancé malveillant… Un sacrifice que la Vierge Marie récompensa en offrant à l’infortunée des yeux encore plus beaux. Loin d’avoir subi le même sort, Lucie, celle du vingt-et-unième siècle, avoue pourtant une vraie fascination pour le regard, celui des êtres autour d’elle mais aussi celui des poupées, pantins et jouets en bois, peluche ou plastique qui peuplent son univers.
UNE PROMENADE ROMANTIQUE
Lucie a grandi dans un milieu où la culture tenait une place essentielle, entre amour du théâtre, décors baroques et marionnettes. A la vie imaginée des pantins silencieux mais si vivants, au regard pénétrant, s’ajoute une passion grandissante pour la littérature romantique du dix-neuvième siècle.
La poésie fantasmagorique des contes d’Hoffmann accompagne la lycéenne littéraire qui reconnaît une révélation artistique tardive. Contemplative, c’est sur les bancs de l’université de lettres modernes qu’elle accepte de mettre en scène ses rêveries « où l’écriture part toujours de l’objet » comme elle tient à la préciser. « C’est une rencontre pareille à celle provoquée par la littérature romantique et fantastique où les objets prennent vie, où l’on a le courage d’explorer des formes nouvelles, en espérant une émotion elle aussi inédite ».
Lucie écrit, chante, peint et dessine. Pourtant elle a besoin de donner naissance à des œuvres en trois dimensions où s’additionnent des pièces au gré d’un long processus intérieur. « Ce sont les objets qui me choisissent » insiste celle qui accorde à la déambulation, à la quête une très grande importance. Dans les maisons de famille, les brocantes, sur l’étal des vide-greniers, elle cherche les personnages et les sujets qui, peut-être, viendront faire partie de l’une de ses compositions sous globe ou derrière le verre bombé d’un cadre ovale. « Le principe de la promenade est essentiel chez les romantiques, pour moi aussi. Je ne sais jamais sur quel objet je vais tomber mais quand je le vois, je sais qu’il peut faire partie de mon univers, rejoindre mon atelier avant de prendre une autre dimension ».
L’EXIGENCE DE L’ÉMOTION
Un temps bibliothécaire, Lucie a envie de vivre pleinement sa vie d’artiste. De l’expérience, elle retiendra la richesse du contact avec le public amoureux des livres et de la lecture. Cette facilité d’échange lui servira bientôt quand elle devra révéler à tous les travaux qu’elle entreprend avec minutie dans son atelier. « Je peux attendre des mois pour qu’un objet trouve sa place dans une scène. Une composition n’est complètement finie que lorsqu’un globe la protège et encore… Elle peut toujours évoluer. De toute façon, je ne conserve que les pièces qui ont vraiment du sens, qui peuvent provoquer une réaction… » La jeune femme insiste sur l’exigence de l’émotion, sur sa volonté de casser les codes et de bousculer le spectateur. « Je ne cultive pas le côté morbide dans mon travail, les personnages qui sont installés, ceux que je fabrique aussi moi-même ont des liens avec la mort, les souvenirs différents pour chacun, les rêves, les fantasmes mais aussi le jeu, le côté vraiment ludique… »
Il y a un peu plus de trois ans, Lucie décide d’aller à la rencontre du public, sur les quais de Bordeaux mais aussi dans la rue. Les enfants, les premiers, laissent s’exprimer leurs sentiments. Nez et mains collés sur les globes, ils détaillent les saynètes à voix haute, montrant à leurs parents des éléments que leurs yeux adultes ne perçoivent pas. Viennent ensuite les salons, le temps des projets collectifs et des expositions individuelles. Lucie tient à dire toute sa reconnaissance à un homme qui lui a permis d’affronter le regard d’un public exigeant. « J’ai eu la chance que Gérard Sendrey, artiste reconnu, qui a donné naissance au Musée de la Création Franche, à Bègles, me fasse confiance en accueillant mes œuvres. Grâce à lui, j’ai pris la mesure de ce que pouvait provoquer mon travail ».
Envahie quelquefois par ses personnages en attente d’une histoire, Lucie dit n’éprouver aucun regret quand elle voit un admirateur acheter puis emporter une de ses œuvres. « Elle parle désormais un langage qui va toucher quelqu’un d’autre et c’est très bien ainsi ». Elle impose une empreinte artistique si forte qu’il suffit, pour s’en convaincre, de la croiser dans un salon artistique aquitain ou de visiter son site. Le monde qu’elle nous fait découvrir, emprunte bien des sentiers poétiques qui laissent s’exprimer en nous de confuses paroles, de ces secrets d’enfance qu’on redécouvre au bord du chemin… C’est celui-là même où flâne si délicatement une artiste romantique surnommée Lucie de Syracuse.
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About her path to becoming the artist she is today:
“I’ve never been to art school, I studied French literature for six years at University, with a focus on black romantism and its many influences on 19th century painters, illustrators and etchers. I was been hugely in inspired by the symbolists painters such as Gustave Moreau and his tatooed Salomé, true figure of the femme fatale, and the pre-raphaelites, especially John Waterhouse. The emotion, the intriguing beauty of these women overwhelmed me.
I have always loved drawing and sketching in order to memorise and through my studies I learnt the skill of observing.”
“It was while studying the writing of Gerard de Nerval, Charles Nodier and ETA Hoffmann that I found out about Tony Johannot and Celestin Nauteuil’s work, those two illustrators produced drawings for many of the 19th century authors both French and foreign. One particular illustrator who hugely inspires me is Johannot, and his work on the first French translation of ‘The Tales of Hoffman’. It’s fascinating because he had both a very ‘classical’ pen and one for the grotesque as well, a bit like in the Goya’s Caprices.
Nauteuil’s work borrows from the fantasy world, haunted by images of witches, owls, enchanted vegetation, gracious figures and grotesques masks. It’s rather like a comic book illustration, where each of his drawings is separated not by straight lines but by a multitude of twigs which grow around each of them.”
On her love for antique, vintage and found objects:
“I’ve always had a taste for vintage clothes, old radios, and old bands since I was thirteen years old. I used to keep everything I found in the street, from vintage psychedelic suitcases to sailors pictures, books, vinyl records, pieces of fabric. I also kept little hideous vitrines where I created little vignettes using my treasures.
I was really made aware of my collecting habits about 5 years ago, at the time I was living in the heart of the St Michel area where every morning around 6am, I would head out to gather objects at the flea market. When I later moved house – it was then that I really started to work with all these found objects.”
Do you remember the first item you found at the flea market that you really fell hard for ?
“Yes, I was in the Lot-et-Garonne, and I bought a very odd object, I had taken it in my hands, was about to put it back and walk off but this tiny “globe”, by that I mean a domed-glass-frame, stayed in the palm of my hand, I was fascinated. Inside I could see some moss, a post card of Lourdes, the back of the frame was all crinkled and sodden. It was 6 years ago, I kept it for a year before opening it. Another find that I still remember clearly was a very damaged painting of Salomé holding the head of St Jean Baptiste’s in his hands.
There’s a painting picturing two women on a river bank, there’s a child and his dog, far off are the fishermen on their frail boats, everywhere are the trees, lots of vegetation and a monument with an unreadable latin mark. I get caught by the colour harmony, the blue, the old pink, the green and the shining light.”
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Revue de la Création Franche - Lucie M dite de Syracuse par Gérard Sendrey
Lucie M. dite de Syracuse,
Chaque nouvelle rencontre est un facteur de découverte d’une autre des multiples faces de la personnalité de cette actrice d’une vie qu’elle explore en permanence à pile ou face avec le plus grand sérieux pour son plus grand plaisir
Elle est profondément empreinte d’une modestie qui s’accommode étrangement avec une sorte de vouloir être exprimé dans un jeu de cache-cache qu’elle pratique avec l’innocence d’une jeunesse de l’âme qui transparaît dans toutes les approches de sa réalité.
Sa démarche, aux diverses facettes, s’inscrit en sa globalité dans le concept de Création Franche au sens le plus significatif de cette dénomination. On y trouve l’expression originale des dispositions créatives naturellement incluses en l’être humain. Ainsi d’ailleurs qu’en toute forme adoptée par la vie pour manifester sa présence aussi évidente qu’empreinte d’un mystère infini.
Les manifestations dites artistiques sont étymologiquement assez précisément définies. Il est en principe établi une distance catégorique entre divers mobiles d’activités de ce genre. Il y a celles s’inscrivant rationnellement dans la recherche de résultats tangibles, a priori destinés à satisfaire aux besoins d’ordre pratique indissolublement liés à la condition humaine. Dans un ordre d’intentions très différentes, l’activité artistique, en première apparence la même, exprime la sincérité profonde de sa pratique parce qu’animée du plus total désintéressement matériel. Ne s’y livrer que pour satisfaire un impérieux besoin d’expression sans aucun calcul de profit substantiel, c’est se trouver en communion avec la sincérité qui peut seule donner accès à la liberté d’être, en donnant le champ libre à la créativité. Dans l’esprit de la création franche, il ne saurait s’agir de l’application d’un savoir enseigné par des autorités dûment rémunérées pour ce faire. La création, dans le sens premier du terme, concerne la mise au monde de ce qui n’existait pas jusqu’alors. Quant à l’adjectif franc, il va de pair en l’occurrence avec l’état d’esprit qu’il vient conforter.
Tout cela s’est déjà trouvé si souvent analysé dans ces colonnes que ce peut sembler une sorte de rabâchage sans grand intérêt pour les fidèles lecteurs de ce modeste magazine. La raison dominante motivant la présente redondance est d’une grande logique interne. Elle constitue la meilleure définition de l’aventure effervescente menée par Lucie M. en divers registres de l’abondante et forte créativité qu’elle met sans cesse en œuvre sans autre objectif que de se sentir elle-même en harmonie avec les productions qu’elle offre à partager à un public plus ou moins consciemment choisi. En ce qui concerne l’expression de soi dont les résultantes s’inscrivent conventionnellement dans le domaine des arts plastiques, l’intention de partage peut se satisfaire d’un seul regard. Il suffit pour donner vie à la chose qui naît de cette conjugaison de la proposition de l’un et de sa prise de possession visuelle et virtuelle par l’autre, indéfiniment renouvelable, au gré des circonstances.
Lucie M . dite de Syracuse, malgré le pseudonyme dont elle accompagne son prénom, ne pourrait se reconnaître dans la Divine Comédie, ni dans quelqu’ autre façon d’exister destinée à inspirer une reconnaissance de bon aloi. Elle ne saurait, en particulier dans ce registre de ses activités, subordonner à une autre appréciation que la sienne le maintien de ce qui vient de surgir au terme de son entretien secret avec l’inconnu. Voilà ! C’est là et c’est comme ça ! Elle n’y changera rien pour vous faire plaisir. Mais vous avez toute liberté d’en faire ce que vous voulez dans votre tête. La création dans ce registre s’accomplit toujours ainsi à deux. En l’occurrence, elle qui fait et l’autre qui regarde. L’essentiel, c’est que chacun y trouve son compte. C’est là que se situe le partage.
On peut percevoir chez Lucie une capacité de propositions susceptibles d’attirer l’intérêt d’un nombre d’interlocuteurs sensiblement plus important que le public actuellement en mesure de prendre connaissance de ses diverses manifestations. Il n’est question ici que de ses productions de dessins, peintures, sculptures, cloches et globes… Ne nous étendons pas sur ses performances musicales qui ont bonne place ailleurs. Des chansons composées par elle, paroles et musique, interprétées de même par elle… Et pour ne pas risquer de s’ennuyer dans des laps de temps improbablement disponibles, elle écrit, elle transforme en poèmes les aléas du quotidien. Tout cela avec une discrétion témoignant des intentions mesurées de sa recherche de communication.
C’est bien pourquoi ses comportements sont en adéquation avec l’état d’esprit et même plutôt l’état d’âme, de celles et ceux pouvant se reconnaître dans les critères invoqués par les tenants de la Création Franche. Avant tout, être sincère à l’égard de soi et en éprouver une satisfaction en accord avec des attentes ainsi exprimées. Etre honnête en son for intérieur. Lucie M. en est un très vivant exemple.
Gérard Sendrey
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Revue Zinzoline / Carte blanche
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BORDEAUX MAG - Les Mondes miniatures de Lucie de Syracuse
Au départ parfois un conte, "Barbe Bleue" ou "Hansel et Gretel", ou une illustration de ces livres anciens chinés ou un petit objet découvert au détour d'une brocante.
Et l'imaginaire de Lucie de Syracuse compose des saynètes qui sont ensuite mises sous globe.
On y retrouve parfois un extrait du décor d'origine, une branche fleurie qui composait le reliquaire. "Romantique, vivante par la gestuelle, habillée d'habits de dentelle", la mort se joue des histoires façon Tim Burton avec de minuscules squelettes ironiques.
La bordelaise Lucie de Syracuse est passionnée par les peintres symbolistes du XIX ème siècle, un univers que l'on retrouve dans ces petits mondes enfermés fascinants.
Valérie Dechaut - Genest